Sur fond d’indépendance congolaise, de guerre froide et de luttes pour les droits civiques, Johan Grimonprez raconte l’histoire d’un instrument inattendu de la diplomatie américaine : le jazz. Louis Armstrong, Nina Simone et d’autres figures furent envoyées aux quatre coins du monde comme ambassadeurs culturels, tandis que, dans l’ombre, la CIA orchestrait des manœuvres pour contrer l’union des jeunes nations africaines et faire obstacle à l’idée d’États-Unis d’Afrique portée par Patrice Lumumba. 

À travers un montage foisonnant d’archives, le film dévoile comment l’ONU, loin d’incarner la paix, devint un agent de déstabilisation après l’entrée de seize pays africains. Au cœur de ce récit, se dessine un accord secret entre Churchill, Eisenhower et la Belgique autour de l’uranium congolais, enjeu central de la dissuasion nucléaire américaine et qui scella le destin de Lumumba, assassiné quelques mois après l’indépendance. 

Grimonprez donne voix à des témoins multiples – Andrée Blouin, militante et pionnière de l’émancipation des femmes, le diplomate irlandais Conor Cruise O’Brien, l’écrivain belgo-congolais In Koli Jean Bofane ou encore Khrouchtchev – pour recomposer une cartographie sensible où musique, politique et mémoire s’entrelacent.