LAAROUSSA

Fabrique artistique d’espaces populaires


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En 2010, suite à la rencontre dans une vitrine parisienne d’une poterie de Sejnane vendue dix fois son prix, l’association L’Art Rue par Selma et Sofiane Ouissi s’interroge sur ce territoire du nord-ouest tunisien qui porte dans sa mémoire collective un savoir-faire domestique féminin lié au travail de la terre unique dans l’espace méditerranéen.


Sa symbolique, son aspect formel, son façonnage nous transportent au travers des âges, des civilisations et du brassage des peuples du bassin méditerranéen qu’ils soient coptes, grecs, carthaginois, romains ou berbères.


Ce témoignage oublié, presque éteint, perdure dans un environnement rude et d’une grande précarité où les femmes de Sejnane extraient, glanent, transforment laborieusement toutes les ressources naturelles nécessaires à la fabrication de leurs pièces.



• Naissance de  «Laaroussa» : Acte I et II (octobre 2010 à août 2013)

 

Après un temps long de repérage, rencontres, discussions, collecte des désirs d’accomplissement professionnel des femmes potières (octobre 2010 à janvier 2011), L’Art Rue décide de travailler avec une soixantaine d’artisanes de Sejnane et des artistes pluridisciplinaires sur ce territoire et ses lieux-dits environnants : Ghrof, Jmaïat, Stailiya, El Guetma, Sbessa 1 et 2. Ensemble, ils créent une fabrique artistique d’espaces populaires, dispositif poético-politique, pour valoriser les compétences au service d'une dynamique collective de production. Il s’agit de valoriser par l’art contemporain un savoir-faire ancestral féminin pour préserver un capital culturel.


 « Laaroussa », c’est la poupée mais aussi la mariée en dialecte tunisien. Elle représente le symbole de féminité, de force et de fertilité des femmes potières de la région.


A partir de février 2011 se mettent ainsi en place, à raison d’une semaine par mois, des ateliers de poterie (collecte de la terre, concassage, préparation de la terre, modelage, polissage, décoration et cuisson), une crèche éducative mais aussi des ateliers d’éveil corporel, de chant, d’arts plastiques, de cuisine et de préparation du thé.


L’art a ce pouvoir de laisser naître des moments forts de partage et de vie où toute hiérarchie est bannie et où la structuration horizontale d’une communauté permet la mise en avant des compétences individuelles au service d’une dynamique collective de production. Il s’agit pour nous, de prendre l’initiative et de composer nos luttes afin qu’elles s’émancipent de ce qui les décompose. Partant de là, nous affichons notre hostilité à l’égard de ce qui fait de nos vies un vaste plan d’austérité. Ailleurs aussi, des voix, des luttes et des savoirs se font les échos du refus d’un monde atrophié, sacrifié sous le joug d’un capitalisme structurellement en crise qui meurtrit nos manières d’être, d’apprendre et de faire. 

Extrait du dossier de presse « Laaroussa » - juin 2011



• «Laaroussa» Acte I (octobre 2010 à juin 2011) 


Dès octobre 2010, nous arpentons le territoire de Sejnane et dialoguons longuement avec les potières de la région, porteuses d’identités fortes et riches de savoirs. Elles travaillent seules chez elles dans des hameaux dispersés.


Accueillis par Aïda qui nous ouvre son lieu en construction, nous les regroupons pour créer une société horizontale où chacune trouve sa place au travers d’ateliers de poterie mais aussi ateliers de cuisine, crèche éducative... Sont invités à s’associer au projet «Laaroussa » les artistes :


→ Sonia Kallel (plasticienne)/ Tunisie


→ Saloua Ben Salah (musicienne) / Tunisie


→ Selma  et  Sofiane Ouissi (danseurs, chorégraphes) / Tunisie


→ Abdellatif Snoussi (photographe) / Tunisie


→ Le Collectif La Luna (arts plastiques et visuels, espaces à vivre) / France


→ Les femmes conteuses et brodeuses d’Arlène (femmes immigrées de Nantes) / France


→ CéCiL Thuillier (cinéaste) / France


→ Tobi Ayédadjou (plasticienne) / Bénin


Ils travaillent au cours de ces ateliers avec les potières à partir de l’argile de Sejnane et du savoir-faire des femmes, celles-ci développant aussi leur propre création/expérimentation.


L’Acte I de « Laaroussa » se poursuit durant six mois aboutissant à l’organisation d’ateliers ainsi qu’à la définition des fonctions nécessaires à la production des oeuvres et à leur valorisation auprès des populations. 

Le résultat de ce premier acte du projet «Laaroussa» est présenté à Sejnane en juin 2011 afin de promouvoir une politique de décentralisation de l’action artistique. Une exposition à ciel ouvert, au milieu des champs, accueille un public ciblé (hommes d’affaires, hommes politiques, journalistes, services culturels tunisiens et étrangers…), un public urbain qui se déplace vers une région rurale.


Les œuvres sont ensuite exposées à Dar Bach Hamba dans la médina de Tunis (juillet-août 2011), aux Automnales de Genève (Suisse, novembre 2011) et au B’chira Art Center à Sidi Thabet (mars 2012).


                    Les créations de « Laaroussa » Acte I :


→ Les poupées à plusieurs mains - œuvre collective des femmes potières


→ Quand la terre et l’air se rencontrent - composition vocale de Saloua Ben Salah avec Sassia, Chadlia, Najia et Hidhba Saïdani


→ Une poétique du geste : « Laaroussa » - vidéo chorégraphique de Selma et Sofiane Ouissi, coréalisée par CéCiL Thuillier, montée par Nicolas Sburlati avec le son récolté in situ par David Bouvard


→ La robe idole de Sejnane - œuvre plastique de Sonia Kallel 


→ Perles de Sejnane - œuvre plastique de Tobi Ayédadjou


→ Le Lieu rêvé - installation et vidéo du Collectif La Luna


→ Cartographie - œuvre de broderie réalisée par les couturières d’Arlène


→ La ligne de vie - vidéo de CéCil Thuillier sur une idée de Selma & Sofiane Ouissi


→ Le Journal des Voix de Sejnane - journal sociologique sur La terre, l’attente, la femme. Enquête réalisée par Yacine Blaïech et Slah Ben Ayed


→ Ce que leurs mains racontent - exposition photographique de CéCiL Thuillier



• « Laaroussa » Acte II (octobre 2012 à août 2013)


                  Un partenariat méditerranéen


Fort du succès de l’Acte I (octobre 2010-juin 2011), «Laaroussa» poursuit son chemin d’octobre 2012 à août 2013 dans le cadre d’échanges entre les deux rives de la Méditerranée (Aubagne-Sejnane).

En effet, Marseille Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture et le Pays d’Aubagne et de l’Etoile, territoire d’argile, soutiennent en 2012-2013 «Laaroussa» comme un emblème du renouveau tunisien se réappropriant son patrimoine par un langage innovant ouvert au monde.


De la rencontre entre artistes, experts, acteurs engagés est né « Laaroussa »-Acte II, projet comprenant deux volets : un projet de coopération technique et artistique qui prend en considération les ressources locales et vise à sauvegarder le savoir-faire traditionnel tout en lui offrant une évolution technologique assimilable et reproductible à Sejnane  et une commande à Selma et Sofiane Ouissi d’une création chorégraphique.


Les objectifs 2012/2013 de « Laaroussa »-Acte II sont d’accompagner le collectif des 60 femmes de «Laaroussa » dans la préfiguration du fonctionnement d’une coopérative de production et de mettre en place un protocole de fabrication adapté aux marchés tunisien et international.



                 Coopération et participation au Salon Argilla


Durant 18 mois, un laboratoire d’expérimentation et d’expertise est mis en place à Sejnane avec l’artiste céramiste Emmanuelle Not et le technicien des cuissons Jean-Louis Schiano dans une approche artistique et technique de la poterie. A partir d’un problème de fragilité des pièces et immergés dans l’univers de Sejnane, ils expérimentent avec les femmes potières un nouveau processus de cuisson améliorant la qualité de la pièce sans détériorer son aspect esthétique et sa valeur patrimoniale. Par ailleurs, sur les principes des ateliers de la fabrique, des temps d’échange et de formation offrent aux femmes et à Emmanuelle un espace de création et de partage autour de deux cultures de l’argile. 

En juin 2013, huit potières partent dix jours en formation à Saint-Zacharie (France) et deux autres les représentent au salon Argilla d’Aubagne en août 2013.

Une œuvre collective de 144 pièces et une première collection emblématique de 200 poupées estampillées sont ainsi créées. Et c’est en août 2013, que les 80 000 visiteurs du Salon Argilla découvrent le résultat de ces échanges. 



                 Les créations de « Laaroussa » Acte II : 


→ La  collection d’objets de la fabrique - œuvre collective des femmes potières de Sejnane accompagnées par Aulde Cazorla, spécialiste des œuvres dérivées du patrimoine


→ Les vaillantes et volontaires - œuvre céramique de 144 pièces d’Emmanuelle Not avec les femmes potières de Sejnane


→ « Laaroussa » - création chorégraphique, musicale et vidéo de Selma et Sofiane Ouissi 


Dans la presse +

Informations pratiques

Laaroussa

Octobre 2010 à août 2013 à Sejnane (Tunisie)

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