Le curateur Tarek Abou El Fetouh rejoint Dream City 25-27
L’Art Rue a le plaisir d’annoncer l’arrivée de Tarek Abou El Fetouh au sein de l’équipe artistique du festival Dream City.
Dans le cadre de sa vision à long terme, Dream City — dirigé par Selma et Sofiane Ouissi avec Jan Goossens — accueille le curateur Tarek Abou El Fetouh, pour les deux prochaines éditions du festival, en 2025 et 2027.
Ce partenariat s’ouvre sur un nouveau projet intitulé Suni’a Bisihrika. Pensé comme un cycle curatorial en cinq phases à travers plusieurs villes, le projet débutera à Tunis pendant Dream City 2025, avec une exposition accompagnée d’une conférence, avant de se conclure en 2027 par une grande exposition et la publication d’un ouvrage coédité avec Rasha Salti.
Le titre, emprunté à une phrase mnémotechnique conçue pour faciliter la mémorisation des huit maqâms arabes principaux, renvoie à une grammaire musicale ancienne, toujours vivante. Chaque lettre du titre correspond à la première lettre d’un maqâm, structure modale utilisée depuis des siècles dans une vaste aire culturelle qui s’étend du monde arabe à l’Asie centrale.
Certains de ces maqâms portent le nom de lieux — Bayati en Irak, Nahawand au Kurdistan, Hijaz dans la péninsule arabique — d’autres font référence à des peuples, comme le maqâm Kurd ou Ajam, signifiant "non-Arabe". Certains enfin évoquent des états émotionnels, tels que Sikah ou Saba, ce dernier étant surnommé, à l’époque abbasside, « les pleurs des hommes ».
Au-delà de leur fonction musicale, les maqâms sont chargés de dynamiques historiques, politiques, culturelles et sociales. Réfléchir à leurs origines, à leurs noms et à leurs trajectoires, c’est interroger les notions figées d’identité nationale ou linguistique. Ce sont des vecteurs de diversité artistique et culturelle, qui ont traversé les effondrements, les guerres, les persécutions, et les exils.
Suni’a Bisihrika s’appuie ainsi sur cette richesse symbolique pour proposer une lecture visuelle et intellectuelle du présent. À travers les œuvres de Walid Raad, Iman Issa, Ala Younis, Noor Abuarafeh, Ayman Zedani, et d’autres artistes invités, l’exposition se penche sur les crises contemporaines vécues par les communautés à l’origine de ces maqâms, ainsi que sur les bouleversements géopolitiques qui ont marqué les quinze dernières années, entraînant un exil massif d’artistes et d’intellectuels arabes.
Cette nouvelle collaboration s’inscrit pleinement dans la vision de Dream City : celle d’un festival comme espace d’écoute profonde et de résonance sensible, où les récits du passé entrent en dialogue avec les urgences du présent, et où la mémoire – notamment sonore – devient un territoire vivant de transmission, de résistance et de réinvention collective.