À Sejnane, les femmes façonnent des poupées d’argile comme on tisse une mémoire, à même la terre, à même les mains. Selma et Sofiane Ouissi ont recueilli leurs gestes, leurs silences, leurs savoirs. 

De cette transmission naît Laaroussa Quartet, une œuvre ancrée dans le temps présent, où six interprètes, entre musique, présence et performance réactivent la partition d’un geste ancestral, entre rituel et résistance. À la croisée de l’art et de l’artisanat, entre musique live, écriture chorégraphique, installation vidéo et présence performative, cette forme plurielle donne à voir et à ressentir un monde qui se fabrique depuis le geste.

Le corps devient archive vivante, la scène un atelier de sens et de transmission, et le film projeté, la trace brûlante de mains qui savent. C’est une œuvre qui interroge la fabrication : fabrication de soi, des formes, des liens, des récits. Elle questionne la multiplicité des corps artisans, ceux qui transmettent, ceux qui résistent, ceux qui portent la mémoire dans leur souffle et dans leurs paumes. Entre danse, documentaire et hommage, Laaroussa Quartet explore ce que disent les gestes que l’on croit anodins, ce que l’on fait du fragile quand il devient précieux. Ici, chaque mouvement porte une mémoire, chaque souffle relie les générations. C’est un chant muet, une danse de la terre, un appel à regarder autrement, ce qui persiste, ce qui se transmet, ce qui tient debout.