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Les Dream projects par Hoor Al Qasimi : Edito


Vendredi 22 septembre - 14h00

Caserne El Attarine


S'inspirant des sites et des lieux de la Médina de Tunis, cette exposition redonne vie à des sites patrimoniaux qui font écho aux projets menés depuis des années par Dream City. Le réaménagement et la mise en service de la Caserne El Attarine sont au cœur du projet, redonnant vie à cette structure autrefois fréquentée par des penseurs et des personnalités culturelles tunisiennes. Construit en 1813 en tant que caserne militaire sous le règne de Hamouda Pacha, le bâtiment est devenu une bibliothèque du temps du protectorat français, abritant à la fois des fonds de livres et de manuscrits en arabe ainsi que des fonds en français hérités de l'époque coloniale. Plus tard, l'Institut national d'archéologie et d'art (INAA) en fait son siège. 


Nouvellement aménagé pour Dream projects, l'espace invite le public à se retrouver autour de livres, d'archives, de discussions et d'œuvres d'art qui offrent une réflexion sur la situation sociale et politique actuelle. L’espace comprend à présent des espaces conviviaux, une bibliothèque et des salles d'exposition où l'on peut voir un ensemble d'œuvres d'art.


Dans le film Conversation Piece (2012) de Gabriela Golder, deux filles lisent le ‘Manifeste du parti communiste’ avec leur grand-mère et essaient de comprendre l'histoire de la lutte des classes et de la révolte sociale. La grand-mère dans ce film est la mère de l'artiste, qui était une militante du Parti communiste argentin.


Manthia Diawara se penche dans Angela Davis : A World of Greater Freedom (2023) sur la vie et l'œuvre de l'activiste américaine. Les images de Diawara se présentent comme un recueil poétique de la pensée critique de Davis et de son inspiration pour de nouveaux imaginaires et de nouvelles relations au sein d'un nouveau monde émergent. 


Les films de Diawara Edouard Glissant : One World in Relation (2010) et Negritude : A Dialogue Between Wole Soyinka and Senghor (2015) y seront aussi projetés.


Dans Crude Eye (2022), Mounira Al Qadiri fait revivre un souvenir d'enfance : une métropole tentaculaire - qui était en fait une vaste raffinerie de pétrole. L'œuvre vidéo rappelle des scènes de dessins animés futuristes et de films de science-fiction. 


Le groupe haïtien The Living and the Dead Ensemble présente son deuxième projet intitulé The Wake (2021). Axé sur le potentiel de la nuit comme lieu de composition et de création de luttes politiques pour les jeunes d'aujourd'hui, des deux côtés de l'océan, ce nouveau projet établit un lien imaginaire entre ceux qui, ayant été repoussés à la marge du monde, choisissent de prendre la parole au cœur de la crise mondiale.


La présente exposition réunit la quadrilogie complète de films de Marwa Arsanios issus de sa série Who is Afraid of Ideology ? (projet en cours depuis 2017). Adoptant une approche collaborative et interdisciplinaire de la recherche et de la réalisation de films, Arsanios s’attaque à des systèmes politiques et socio-économiques d'oppression et d'exploitation établis de longue date, dépeignant des modes de vie alternatifs en symbiose avec la nature. Les expériences vécues par les femmes et les luttes anticoloniales marquées par le collectivisme, les échanges et l'autodéfense servent d'exemple pour un changement social et politique à plus grande échelle. 


Renouant avec l'histoire de la Caserne El Attarine, Férielle Doulain-Zouari réfléchit à son emplacement au cœur du souk des parfums et du henné à travers son œuvre Où s'arrêtent les routes et où commence l'écriture ? (2023). L'artiste utilise la terre cuite et le verre pour créer des éléments linéaires graphiques, semblables à des racines, qui émergent de la terre, faisant référence aux plantes aromatiques autrefois utilisées dans la production de ces parfums.


Dans le grenier de la Caserne, Points avants – Points arrières (2023) de Sonia Kallel explore l'histoire de l'École des Cadres installé au Collège de Bab Djedid, qui a formé des générations de jeunes filles originaires de toutes les régions du pays. Ces archives présentent des documents, des photographies et des enquêtes de terrain qui témoignent de l'importance de l'enseignement à la fois original et porteur de cette institution.



Les Dream projects investisent et animent d'autres sites historiques de la médina.


Au Makhzen el Rachidia, une ancienne écurie et un espace de stockage, le film Broken Eyes (2023) de Gabriela Golder réfléchit à la violence punitive de l'État, illustrant la façon dont la police anti-émeute vise intentionnellement les yeux des manifestants.  Reprenant des scènes des manifestations de masse à travers le Chili en 2019, au cours desquelles plus de 400 victimes de brutalités policières ont subi des blessures aux yeux, l'œuvre comprend également des scènes d'autres manifestations à Hong Kong, Beyrouth, etc.



A Tourbet Sidi Boukhrissan, un mausolée datant du 12e siècle, Khalil Rabah crée une installation spécifique au site intitulée Olive Gathering (2023) et ce dans le cadre de son projet en cours depuis 2003 "The Palestinian Museum of Natural History and Humankind"  (Le musée palestinien d'histoire naturelle et de l'humanité). Travaillant sur les oliviers, qui sont au cœur de la vie aussi bien en Palestine qu’en Tunisie, l'artiste remet en question l'architecture, les idées et les objectifs des musées, tout en étudiant la manière dont l'histoire est socialement construite et ancrée dans l'identité et la culture.



Michael Rakowitz présente son projet The Return (2004 - en cours) au dépôt Aloulou - face à Dar Othman. Dans ce petit entrepôt rénové, Rakowitz recrée la société d'import-export de son grand-père, établie dans l'Irak des années 1920. On peut également y voir son film The Return, qui retrace les complexités de l'importation de dattes irakiennes aux États-Unis lors de ses tentatives en 2006.


À la Zaouia Sidi Ali Chiha, qui abrite la tombe du saint soufi Sidi Ali Chiha et qui était autrefois le plus grand lieu de rassemblement soufi de Tunisie, l'artiste sonore Tarek Atoui présentera Al Qabali, un nouveau projet de recherche et de performance qui a débuté en 2015 et qui a été présenté pour la première fois à Cordoue en 2022. Influencé par les traditions de la musique Tarab, Atoui combine dans ses performances des enregistrements provenant de tout le monde arabe.


L'Association des Anciennes du Lycée de la Rue du Pacha, une association d'anciennes élèves de la toute première école tunisienne à accueillir des lycéennes, présentera une installation de Mounira Al Solh ainsi qu'un programme public organisé avec la participation de membres de cette association.


En dehors de la médina, les deux sites de l’espace artistique Central Tunis, situé au centre de la ville européenne de Tunis, présenteront des œuvres de Bouchra Khalili et Remi Kuforiji. L'installation cinématographique de Khalili, The Circle (2023), étudie et ravive la mémoire du Mouvement des travailleurs arabes français et de ses troupes de théâtre Al Assifa et Al Halaka dans les années 1970.

Water No Get Enemy : Counter-Cartographies of Diaspora (en cours depuis 2020) de Remi Kuforiji est un projet de recherche à multiples facettes qui développe un nouveau modèle de résistance aux pratiques néocoloniales d'extraction du pétrole brut et d'écocide dans le delta du Niger.


Nil Yalter cite la figure influente de la littérature turque moderne, Nâzım Hikmet, lui-même exilé, en peignant les mots Exile is a Hard Job, en plusieurs langues, sur des affiches placardées un peu partout sur les murs de la médina. 


Le 27 septembre, Le 4ème Art présentera une projection du film An Opera of the World (2017) de Manthia Diawara. Le film réfléchit à la migration et à la crise actuelle des réfugiés, en s'appuyant sur Bintou Wéré, un opéra du Sahel du poète tchadien Koulsy Lamko, qui raconte l'histoire d'une jeune femme cherchant désespérément un avenir meilleur pour elle-même et son enfant à naître. 


Le 28 septembre sera marqué par la projection du film Les Ambassadeurs, produit en 1975 par Naceur Ktari. Il a remporté le Tanit d'or du meilleur film aux Journées cinématographiques de Carthage en 1976 le prix spécial du jury au Festival international du film de Locarno la même année et il a été sélectionné au Festival de Cannes 1978 dans la catégorie "Un certain regard". Le film retrace les relations difficiles entre les immigrés nord-africains et leurs voisins français à Paris. Le film sera suivi d'une discussion avec le réalisateur Naceur Ktari.


Les œuvres exposées offrent de multiples approches, points de vue et perspectives sur les défis les plus pressants de notre époque. Nous espérons que le programme des Dream projects offrira au public un espace de contemplation, d'échange et de solidarité.


Hoor Al Qasimi

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